Anastasia

Le Cantique des Oiseaux

Le soufisme est le courant musulman le plus riche en émanations culturelles, peintures, textes, musiques, danses… Il prêche la fusion entre l’homme et le divin, en prônant comme accomplissement suprême  l’unicité en Dieu par l’anéantissement de soi en étant fondé  sur les principes de la sagesse universelle plutôt que sur une théologie stricte .

Cette pensée trouve son expression la plus aboutie dans la poésie sublimée sous la plume dAttâr dont l’œuvre a profondément influencé le poètes des générations . Suivantes .

Alors qui est Farid ?

On sait de lui qu’il a suivi la trace de son père en étant apothicaire et parfumeur, parfumeur se dit ‘‘Attâr’‘ et le nom de sa profession deviendra le sien à l’instar des nombreux soufis . I l mènera de front ses activités religieuses, littéraires et professionnelles .

Jusqu’en 2012 il n’existe qu’une seule traduction intégrale en français du

  »Langage des Oiseaux  » due à Garcin de Tassy en 1863.

Rédigée en prose alors que l’original est en vers, cette traduction ne bénéficiait pas alors des connaissances qui n’ont cessé de se préciser, tant en ce qui concerne la langue persane que la pensée soufie elle même .

Lors des précédentes traductions ce poème se traduisait donc par   »La conférence des oiseaux » ou encore parfois  »Le langage des oiseaux » la nouvelle appellation est née grâce à Leîli Anvar qui a mis 4 ans à traduire ce poème en voulant lui rendre la grâce et la délicatesse du poème originel .

Seule une personne aimant et connaissant parfaitement la musicalité d’une langue pouvait parvenir à ce but .

Le titre a  un caractère sacré d’autant qu’il possède une résonance salomonique très forte, de plus la huppe, personnage principal de ce texte, a été la messagère de Salomon . Rappelons que  le mot  »Cantique » signifie : Chant  à la louange d’un sentiment religieux .

Si le  »Cantique » existe déjà dans le monde judaïque, le  »Cantique des cantiques » dit aussi Cantique de Salomon, on trouve au XIIIème siècle dans le monde chrétien, un contemporain parfait d’Attâr : Saint François d’Assise qui offrira sa louange avec  »le Cantique des créatures ».

Il ne manquait plus que la troisième religion monothéiste à avoir son  »Cantique » et au vu de la profondeur mystique de ce texte le terme n’est pas usurpé .

La technique d’écriture utilisée est issue des formules sanskrites où un conte  »cadre » contient d’autres récits afin de conserver l’intrigue principale et de la développer, (on pense immédiatement aux  »Mille et unes nuits » ) . Ce cadre contient une multitude de textes initiatiques, étapes spirituelles à franchir pour parvenir aux plus hauts mystères mystiques . Ce procédé littéraire a été crée par les brahmanes à qui l’on confait l’éducation des jeunes princes .

 Les rois de Perse entre le Vème et VIème siècles ont fait traduire ces récits afin d’initier les lecteurs à la sagesse et l’Islam au VIIème siècle adopte ce procédé qui est un exceptionnel véhicule d’initiation spirituelle .

Le ‘‘Cantique des oiseaux » est un merveilleux poème méditatif, où chaque strophe appelle une image, éveille la pensée, sollicite les sens . Il est composé de 4724 distiques soit 9448 vers, une distique est composée de 2 vers qui forment un ensemble, complet par le sens .

Bien, une fois toutes ces informations bien posées si nous en venions au récit ?

Puisqu’il s’agit d’une allégorie il y a donc une histoire, la voici .

La huppe veut entraîner à sa suite tous les oiseaux du monde, connus ou inconnus, à la recherche de celle qui doit devenir leur souveraine, la Simorgh, oiseau magique de l’extrême orient du monde où se lève le soleil .

Et oui il s’agit bien de LA Simorgh, .

Ah ! Et pourquoi donc Anastasia hein ?

Simorgh signifie d’une part  »Oiseau souverain » et d’autre part  »Trente oiseaux » et dans les deux langues, arabe comme perse, le nom de cet oiseau est bien féminin … Pour une fois ! On va pas se priver de le souligner !

Et allez j’ai encore divergé !

La huppe donc, ayant été sanctifiée par le regard de Salomon connaît le lieu où réside Sa Majesté et le chemin qu’il convient d’emprunter .

De nombreuses d’objections s’élèvent parmi la gent aviaire qui hésite, puis qui entreprend le voyage durant lequel, il faudra franchir  7 vallées qui sont autant d’étapes spirituelles .

La  vallée du Désir, de l’Amour, de la Connaissance, de la Plénitude, de l’Unicité, de la Perplexité, et enfin la vallée du Dénuement et de l’Anéantissement .

Beaucoup d’abandons et de morts tout au long du cheminement, allégorie du pèlerinage humain sur cette terre . Chaque oiseau symbolise un comportement ou un défaut .

Des 30 000 oiseaux partis il ne reste que trente oiseaux .

Si vous avez bien suivi, que vous ne vous êtes pas endormi, ou que vous n’avez pas sauté de lignes vous comprendrez le jeu de mots…

Au bout de leur périples ils constatent que Simorgh est leur propre reflet et qu’eux mêmes sont le reflet de Simorgh, c’est l’Union Mystique des âmes purifiées, devenues miroir de la divinité, elle même reflétée dans leur méditation, si bien qu’elles sont impossible à distinguer de la divinité qu’elles admirent .

Cette union transformante montre un rapprochement entre le soufisme et le christianisme du XIIIème siècle . La création beauté du divin, cette même vision est partagée par ces deux spiritualités, franciscaine et soufie . Le cheminement spirituel à l’intérieur de soi permet de découvrir que nous sommes un reflet du divin .

De nombreuses miniatures illustrent ce Cantique, dans la nouvelle édition parue chez Diane de Selliers, elles ont été sélectionnés par Michael Barry spécialiste des civilisations de l’Orient .

Celui ci tord le cou a une idée reçue qui voudrait que la peinture figurative soit interdite en Islam, si elle est bannie dans les mosquées, elle est accueillie dans les manuscrits où elle est une forme de méditation prévue pendant la lecture qui devait se faire en solitaire . Une méditation sur la méditation .

Le langage poétique et les miniatures sont des  »signes » qui parlent de Dieu de manière détournée afin de toucher le cœur, le  »signe » montre, sans être la réalité qu’il désigne .

 Les premières représentations apparaissent lors de l’essor de la civilisation islamique au VIIIème siècle par le Califat de Bagdad . Les manuscrits sont abondamment illustrés et destinés à la famille régnante et aux princes .

L’art de l’enluminure persane était un art exclusivement de cour, les parchemins sortirent du palais à l’occasion de la révolution constitutionnelle en Iran en 1905-1906

Ils sont réalisés à l’aide de matériaux très précieux comme l’or et le  lapis lazuli… déjà utilisés en Europe .

Le texte dit quelque chose sur la beauté du monde qui porte au divin et l’image offre à voir cette beauté .
La peinture montre ce que la poésie suggère, elles sont les deux facettes d’une même vision .

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