Pour nous rien de plus simple, quant on veut connaître la date on prend son portable ou on regarde sur ce bon vieux calendrier de la poste, oui vous savez, celui là même qui présente les enluminures du Duc de Berry …
Bref un jeu d’enfant ! Au Moyen-age c’était plus compliqué… Enfin, ça nous semble plus compliqué… Allez je me lance et soyez indulgent !
Déjà pour commencer, il faut savoir que la notion de temps était fort différente de la notre. Le temps tel que nous le connaissons nous vient de l’ère industrielle et oui !
En gros, il fallait bien pour aller travailler à l’usine, que tout le monde arrive et reparte à la même heure et si possible les mêmes jours non ?
Continuons .
Le calendrier médiéval est la représentation de l’année liturgique chrétienne, il suit l’usage du calendrier Julien ( instauré par Jules César ) en 45 avant J-C ( Jésus-Christ cette fois, pas Jules César…).
Il se base sur l’année solaire de 365 jours ( jusque là on a tout bon !) .
Ces 365 jours sont répartis en 12 mois inégaux où l’on insère tous les 4 ans un jour complémentaire, la fameuse année bissextile .
Ben il est où le problème me direz vous ? Attendez j’y viens …
Juste pour votre gouverne sachez qu’en 1582 Grégoire XIII veut réajuster le calendrier julien dans le but de corriger les 3 jours de retard que prend le calendrier julien tous les 4 siècles . Et ajuster ne voulant pas dire remplacer il y a un hic !
L’ajustement grégorien admet que le jeudi 4 octobre 1582 soit immédiatement suivi par le vendredi 15 octobre 1582 ce qui signifie en clair que les 5,6,7,8,9,10,11,12,13,14 octobre 1582 sont des dates aussi peu existantes que le 29 février 2006…
Ce qui devient un vrai gloubi-boulga dont nous ne nous occuperons pas puisque nous nous restons au Moyen-Age … Laissons cela aux historiens avérés… Mais c’est toujours intéressant à placer dans une conversation …
Je reprends .
Le fait de désigner les années en référence à la naissance du Christ comme nous le faisons aujourd’hui, voit le jour à partir de VII et VIII siècles lors de recherches effectuées à cette époque en vue de normaliser la date de Pâques dans toute la chrétienté le plus précisément possible par rapport aux connaissances du moment .
Deux traditions se mêlent pour désigner les jours de la semaine, la première se réfère aux divinités païennes planétaires :
Dies lunae………………lundi
Dies Martis …………..mardi
Dies Mercurii………….mercredi
Dies Jovis……………….jeudi
Dies Veneris……………vendredi
La seconde, liturgique, nomme les jour de la semaine en férie ( et non pas férié ), et comme les deux calendriers prennent le Dimanche comme 1er jour de la semaine il s’agira du Dies Domenica .
La logique suit, le lundi sera donc Féria II , le mardi Féria III …
Et le samedi me direz vous ! Nan je ne l’ai pas oublié, lui aussi à droit à une appellation particulière, on le retrouve sous le terme Sabbatum, l’appellation Féria VII est plus rare bien qu’attestée dans les plus anciens livres liturgiques .
On avance, on avance…
L’étymologie du mot calendrier vient de »Calendae » qui signifie » Premier jour du mois »…
Ceci dit il existe une caractéristique au Moyen-Age : Les jours sont comptés à rebours à partir de 3 jours repères très particuliers que sont les calendes, les nones, les ides, par exemple on dira » le 3ème jour avant les calendes … »
Petite explication :
- Les calendes correspondent aux premiers jours du mois.
- Les nones correspondent, pour les mois de : janvier, février, avril, juin, août, septembre, novembre, décembre, au 5ème jour du mois, et pour les mois restants : mars, mai, juillet, octobre au 7ème jour du mois .
- Les ides sont le 8ème jour suivant les nones, donc pour les mois de : janvier, février, avril, juin, août, septembre, novembre, décembre ce sera le 13 du mois
et pour les mois restants : mars, mai, juillet, octobre ce sera le 15 du mois .
Je vous avais prévenu… Je vous passe quelques subtilités déroutantes, si vous voulez absolument les lire, histoire de vous endormir plus facilement ce soir en laissant les moutons tranquilles, laissez moi un petit message dans les contacts, ce sera avec plaisir, si, si, vraiment ! Néanmoins sachez que vous serez aussi responsable de ma perte de cheveux …
Ne nous dispersons pas…
Communément on utilisait les fêtes religieuses comme repère dans le temps : »le lundi avant la saint Pierre… »
Les saint(e)s dont la vénération est importante, la Sainte Vierge Marie, Saint Pierre, Sainte Marie-Madeleine, Saint Paul, Saint Marc … permettent un repérage chronologique aisé, mais il ne faut pas oublier les saints locaux dont les noms apparaissent sur certains calendriers et qui aident à déterminer l’usage voire la provenance d’un manuscrit, en effet certains saints sont uniquement associés à certaines villes ou villages .
Bien entendu il existe des calendriers bien avant le XIIème siècle mais c’est à partir de ce moment que l’on trouve les plus beaux calendriers enluminés .
Il s’agit le plus souvent d’illustrations cycliques : une scène par mois et plus rarement les 4 saisons.
Durant l’Antiquité la représentation de l’année se faisait par le cycle des saisons, le Moyen Age ne perçoit pas les choses de la même façon et préfère diviser l’année par mois à de rares exceptions près.
Le contenu imagé des calendriers des livres religieux ou pas, est sans rapport avec le religieux et représente le temps qui passe à l’aide des activités agricoles, tonte des moutons, vendanges, semailles…
Le modèle des calendriers médiévaux s’élabore lors de la période carolingienne, à partir de la fin du Vème siècle, les motifs ruraux prennent le pas sur les sujets religieux . On trouve aussi souvent la représentation des signes du zodiaque, ils sont des repères cosmiques qui permettent de fixer le temps et les événements . Ils rappellent le modèle romain ce qui convient parfaitement à l’époque carolingienne qui utilise les symboles des empereurs romains pour asseoir et légitimer son pouvoir .
A quoi ressemble un calendrier médiéval ? Il est divisé en plusieurs lignes qui correspondent à un jour du mois, sur cette ligne sont notés des renseignements importants comme la fête des saints . Ces lignes sont divisées en plusieurs colonnes qui offrent une information particulière sur chacun des jours . Les jours importants sont notés en rouge, quelques fois en or dans les plus somptueux manuscrits .
De grandes lettres KL qui signifient »calendes » figurent dans une colonne au début de la page . On trouve ensuite la notation correspondant aux nones puis aux ides dans cette même colonne.
Une colonne spécifique montre des lettres de A à G de façon répétitive qui sont les jours de la semaine, souvent la lettre enluminée représente le dimanche elle sera alors la même pour tout le calendrier .
Une autre colonne porte les nombres de 1 à 19 qui sont les nombres d’or , ils permettent de trouver pour chaque année distincte, la date de Pâques l’une des deux fêtes les plus importantes de la religion chrétienne. La fête de Noël est fixe et dépend du calendrier solaire elle tombera donc tous les 25 décembre, par contre Pâques est une fête mobile qui dépend du cycle lunaire, il convient donc de la calculer .
Pâques est célébrée le dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps, le nombre d’or donne la date d’apparition de la nouvelle lune et donc par conséquent la date de la pleine lune, 14 jours plus tard .
On peut aussi trouver les jours funestes dits jours égyptiens qui mettent en garde sur certaines activités comme le départ en voyage ou la prise d’un traitement médical .
Voila, vous comprenez mieux maintenant quand je vous parle de chute intempestive de cheveux !
Bien entendu ce n’est qu’un très très succinct résumé mais j’espère qu’il vous permettra d’avoir une meilleure vue d’ensemble de ces magnifiques calendriers que nous ont fait parvenir nos lointains ancêtres !
