Anastasia

Le Livre de Kells

Il s’agit donc d’un évangéliaire manuscrit de 340 folios ( donc 680 pages ! Ne faisons pas les malins il y a du taf !) .

Ses dimensions sont de 330/255 mm, on pense qu’à l’origine il comptait plus de pages mais certaines dégradations ont eu lieu lors de son vol en 1007 .

 Le lieu de réalisation de ce livre est sujet à moultes controverses, est ce Kells ? Iona ? Aucune réponse pour l’instant . Quoi qu’il en soit le livre fut conservé à Kells et vénéré comme une relique de St Colomba . Çà au moins c’est sûr !

 D’aucuns pensent que Saint Colomba l’aurait lui même écrit, chose impossible car les paléographes expliquent que le style calligraphique ( la majuscule insulaire ) ne s’est développée que bien après la mort dudit saint.

Depuis 1956 le manuscrit a été divisé en 4 parties distinctes soit une partie par évangile . Bien sur comme tout bon manuscrit de l’époque il est rédigé sur des feuilles de vélin, il n’a pas fallu moins de 185 peaux de veaux, et comme il s’agit de vélin, il s’agit aussi de veaux morts-nés sauf pour quelques folios .

Il est essentiellement écrit avec de l’encre ferro-gallique même si l’on trouve du noir de carbone sans oublier des encres jaunes, rouges et violettes, tout au long du texte .

Les principaux pigments sont minéraux et organiques, on retrouve une large palette de couleurs, mauve, rose, rouge, vert, bleu…

Plus précisément, on trouve du noir de bougie, du réalgar, de l’orpiment, de la malachite broyée et bien entendu l’inestimable bleu outremer issu du lapis-lazuli venu directement d’Afghanistan… enfin quand je dis directement je m’avance peut être un peu .

Étrangement ce livre ne contient pas d’or …

Le livre de Kells se distingue de tous les autres livres de cette époque grâce   » à ses pages enluminées recouvertes d’entrelacs, de motifs ornementaux de couleurs vives et d’étranges créatures hiératiques enveloppées dans les plis quasi géométriques de leurs draperies, sur les pages de texte courent les arabesques colorées des initiales enluminées inspirées de corps étirés et courbés de créatures fantastiques  » ( Françoise Henri historienne d’art ).

Et si vous vous armez de patience ( et d’une bonne loupe !) vous pourrez trouver hosties et calices habilement dissimulés dans les marges et les décors, qui témoignent de l’importance dues aux 2 espèces eucharistiques .

C’est le plus beau spécimen d’évangéliaire  manuscrit dans le style irlandais entre le VII et le IX siècle, période considérée comme l’age d’or de l’art irlando-saxon . A tel point que Girardus Cambrensis disait de lui :

  » L’œuvre non pas d’un homme mais d’un ange  » .

Il est constitué de 10 enluminures en pleine page plus 13 en pleine page accompagnées d’un peu de texte, toutes les autres pages à l’exception de 2 contiennent un minimum d’ornement .

Mises bout à bout les enluminures de ce manuscrit couvrirait 14m2 …

Il est impossible de connaître l’identité des réalisateurs de cette œuvre majestueuse ,on les désigne  donc par leur travail,  » le portraitiste »,  »l’orfèvre  », le scribe A,B,C,D…

Comme il s’agit d’un évangéliaire il est communément admis qu’il devait trouver sa place sur le grand autel de l’église, et être utilisé pour lire les passages de l’évangile durant la Messe, d’ailleurs, le vol commis et relaté dans les  »Annales d’Ulster » explique que le manuscrit se trouvait dans la sacristie avec les objets utiles au culte et non dans la bibliothèque . Malgré tout il est pour diverses raisons peu pratique à l’usage et son but premier devait être l’esthétisme et émerveillement de ceux qui le contemplaient !

La raison d’être de ce livre était de glorifier la vie, les paroles et l’enseignement  du Christ, c’est sa fonction première même si aujourd’hui il est le symbole de la culture irlandaise .


Il y a une chose qu’il ne faut pas oublier dans l’art . Mes merveilleux professeurs d’histoire de l’art nous répétaient souvent que ce n’étaient pas les chrétiens qui  »volaient » les motifs des autres civilisations parce qu’en fait, ces nouveaux chrétiens utilisaient les motifs qu’ils connaissaient de leur propre culture, c’est ainsi que les irlandais et tous les habitants des pays scandinaves par exemple, reproduisait sur les livres religieux, puis dans les décorations monumentales, les motifs de leur bijoux, de leurs armes, comme le sont les triskèles et les entrelacs ( issus de la tradition celte) .

De même que, plus au sud on se servira du paon pour symboliser le Christ etc etc …

Revenons au manuscrit, il faut malgré tout que je vous parle un peu de la dextérité de nos enlumineurs !

Il a été retrouvé sur une page un entrelacs de 3cm2 ou s’entrelacent 158 lignes et bien entendu sans erreurs, loupe à l’appui !

Ben ouais sans erreur,  sinon ce ne serait pas la peine de le relever n’est ce pas?

Du coup on peut facilement en déduire que les enlumineurs étaient myopes, d’autant plus que certains détails de la page 201 (qui correspond au portrait de Saint Luc) demandent, pour être vu, une loupe avec un grossissement 10 ! Sachant que la loupe n’a vue le jour que quelques siècles plus tard…

Ah oui ! Autre particularité, l’évangile de Jean se trouve en premier dans le livre alors que typiquement dans TOUS les évangéliaires,c’est le dernier des évangiles …

Voila chers vous tous qui me lisez, j’espère que si le covid nous laisse voyager, et si vous avez le courage de vous agglutiner avec le million de personnes par an qui va admirer cette merveille, vous pourrez voir de vos propres yeux ce joyau de l’art médiéval !

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